
Le crédit relais est une solution financière prisée par de nombreux propriétaires souhaitant acquérir un nouveau bien immobilier avant d’avoir vendu leur logement actuel. Cependant, ce type de prêt est soumis à une réglementation stricte visant à protéger les emprunteurs et à encadrer les pratiques des établissements bancaires. Comprendre ces règles est essentiel pour tout particulier envisageant de recourir à un crédit relais. Plongeons dans les détails de cette réglementation complexe qui régit le fonctionnement des crédits relais en France.
Cadre juridique du crédit relais en france
Le crédit relais s’inscrit dans un cadre juridique précis, défini par plusieurs lois et réglementations. La loi Scrivener, adoptée en 1978, pose les fondements de la protection des emprunteurs en matière de crédit immobilier. Elle a été complétée par diverses dispositions du Code de la consommation, qui encadrent spécifiquement les crédits relais.
Ces textes législatifs visent à garantir la transparence des opérations de crédit et à protéger les consommateurs contre les risques liés à l’endettement excessif. Ils imposent aux banques des obligations d’information et de conseil, tout en accordant aux emprunteurs des droits spécifiques, comme le délai de réflexion ou la possibilité de se rétracter.
Le crédit relais est considéré comme un crédit immobilier à part entière, ce qui implique qu’il est soumis aux mêmes règles générales que les autres types de prêts immobiliers. Cependant, sa nature particulière, liée à son caractère temporaire et à son remboursement in fine, justifie certaines dispositions spécifiques.
Conditions d’octroi selon la loi scrivener
La loi Scrivener fixe un cadre strict pour l’octroi des crédits relais. Elle impose aux établissements bancaires de vérifier la solvabilité de l’emprunteur et de s’assurer que le crédit est adapté à sa situation financière. Cette évaluation prend en compte non seulement les revenus actuels du ménage, mais aussi sa capacité à faire face aux échéances du crédit relais et du crédit immobilier classique éventuellement contracté en parallèle.
Durée maximale de 3 ans fixée par le code de la consommation
Le Code de la consommation impose une limite temporelle aux crédits relais. En effet, la durée maximale autorisée pour ce type de prêt est de 3 ans. Cette restriction vise à éviter que les emprunteurs ne se retrouvent dans des situations financières délicates en cas de difficulté à vendre leur bien immobilier dans un délai raisonnable.
Il est important de noter que la plupart des banques proposent des durées plus courtes, généralement de 1 à 2 ans, avec la possibilité de prolonger le crédit si nécessaire. Cette approche prudente permet de limiter les risques pour l’emprunteur et l’établissement prêteur.
Taux d’endettement limité à 33% des revenus du ménage
L’un des critères essentiels pour l’obtention d’un crédit relais est le respect du taux d’endettement maximal. La réglementation fixe ce taux à 33% des revenus du ménage. Ce plafond inclut l’ensemble des crédits en cours, y compris le crédit relais et le nouveau crédit immobilier éventuel.
Ce taux d’endettement est calculé en prenant en compte les charges de remboursement de tous les crédits (immobiliers, à la consommation, etc.) ainsi que les loyers éventuels. Il s’agit d’une mesure de protection visant à s’assurer que l’emprunteur conserve une capacité financière suffisante pour faire face à ses dépenses courantes et à d’éventuels imprévus.
Obligation d’information précontractuelle du prêteur
La loi Scrivener impose aux établissements bancaires une obligation d’information précontractuelle détaillée. Concrètement, cela signifie que la banque doit fournir à l’emprunteur potentiel une fiche d’information standardisée européenne (FISE) au moins 10 jours avant la signature du contrat de prêt.
Cette fiche doit contenir des informations précises sur les caractéristiques du crédit relais proposé, notamment :
- Le montant total du crédit
- La durée du prêt
- Le taux d’intérêt annuel et le taux effectif global (TEG)
- Le montant total dû par l’emprunteur
- Les modalités de remboursement
Cette obligation vise à permettre à l’emprunteur de comprendre pleinement les implications financières du crédit relais et de comparer les offres de différents établissements.
Délai de rétractation de 14 jours pour l’emprunteur
Une fois l’offre de prêt relais acceptée, l’emprunteur bénéficie d’un délai de rétractation de 14 jours calendaires. Durant cette période, il peut revenir sur sa décision sans avoir à se justifier ni à payer de pénalités. Ce délai commence à courir à partir du jour de l’acceptation de l’offre de prêt.
Ce droit de rétractation constitue une protection importante pour l’emprunteur, lui permettant de réfléchir sereinement à son engagement et de se désengager si nécessaire. Il est particulièrement utile dans le contexte d’un crédit relais, où les enjeux financiers peuvent être conséquents.
Garanties exigées par les établissements bancaires
Les banques, pour se prémunir contre le risque de non-remboursement, exigent généralement des garanties spécifiques pour l’octroi d’un crédit relais. Ces garanties visent à sécuriser le prêt en cas de difficulté de vente du bien immobilier ou de baisse de sa valeur.
Hypothèque sur le bien à vendre comme sûreté principale
La garantie la plus couramment demandée pour un crédit relais est l’ hypothèque sur le bien immobilier que l’emprunteur souhaite vendre. Cette sûreté permet à la banque, en cas de défaut de paiement, de faire saisir et vendre le bien pour se rembourser.
L’hypothèque est inscrite au bureau des hypothèques et reste en vigueur jusqu’au remboursement complet du crédit relais. Il est important de noter que les frais d’inscription et de mainlevée de l’hypothèque sont généralement à la charge de l’emprunteur.
Caution personnelle du dirigeant pour les SCI
Dans le cas où le crédit relais est contracté par une Société Civile Immobilière (SCI), les banques exigent souvent une caution personnelle du ou des dirigeants de la société. Cette caution engage le patrimoine personnel du dirigeant en cas de défaillance de la SCI.
Cette exigence s’explique par le fait que les SCI sont des structures juridiques distinctes de leurs associés, et les banques cherchent à se prémunir contre le risque de voir la société se défaire de ses actifs sans honorer ses engagements.
Nantissement de contrats d’assurance-vie
Une autre forme de garantie fréquemment demandée est le nantissement de contrats d’assurance-vie. Cette pratique consiste à utiliser un contrat d’assurance-vie comme gage pour le crédit relais. En cas de non-remboursement, la banque peut alors se rembourser en puisant dans les fonds placés sur ce contrat.
Le nantissement présente l’avantage de ne pas immobiliser les fonds de l’emprunteur tout en offrant une garantie solide à la banque. Il est particulièrement apprécié des emprunteurs disposant d’une épargne conséquente placée en assurance-vie.
Encadrement des taux d’intérêt par la banque de france
Les taux d’intérêt des crédits relais, comme ceux de tous les crédits immobiliers, sont encadrés par la Banque de France. Cette institution fixe chaque trimestre des taux d’usure , c’est-à-dire des taux maximaux au-delà desquels il est interdit de prêter.
Le taux d’usure pour les crédits relais est généralement plus élevé que celui des crédits immobiliers classiques, en raison du risque plus important associé à ce type de prêt. Cependant, il reste plafonné pour protéger les emprunteurs contre des taux excessifs.
Les banques doivent donc proposer des taux d’intérêt inférieurs à ce taux d’usure, tout en tenant compte du profil de risque de l’emprunteur et des conditions du marché. Cette régulation vise à maintenir un équilibre entre l’accès au crédit et la protection des consommateurs contre le surendettement.
Obligations déclaratives auprès de la FIBEN
Les établissements bancaires sont soumis à des obligations déclaratives strictes concernant les crédits relais, comme pour tous les types de crédits. Ces déclarations sont effectuées auprès du Fichier bancaire des entreprises (FIBEN), géré par la Banque de France.
Déclaration mensuelle des encours de crédit
Chaque mois, les banques doivent déclarer à la FIBEN les encours de crédits relais accordés à leurs clients. Cette déclaration permet à la Banque de France de suivre l’évolution du marché du crédit et d’évaluer les risques potentiels pour le système financier.
Ces données, agrégées et anonymisées, servent également à produire des statistiques sur l’endettement des ménages et à orienter les politiques de régulation du secteur bancaire.
Signalement des incidents de remboursement
En cas d’incident de remboursement sur un crédit relais, la banque a l’obligation de le signaler à la FIBEN. Un incident est généralement considéré comme tel après deux échéances impayées consécutives.
Ce signalement a pour but de prévenir le surendettement et de permettre une détection précoce des difficultés financières des emprunteurs. Il peut avoir des conséquences sur la capacité future de l’emprunteur à obtenir de nouveaux crédits.
Transmission du taux effectif global (TEG)
Les banques sont tenues de communiquer à la FIBEN le taux effectif global (TEG) de chaque crédit relais accordé. Le TEG inclut non seulement le taux d’intérêt nominal, mais aussi l’ensemble des frais obligatoires liés au crédit (frais de dossier, assurance emprunteur, etc.).
Cette obligation vise à assurer la transparence des coûts réels du crédit et à permettre aux autorités de contrôle de vérifier le respect des taux d’usure.
Procédures en cas de non-remboursement
Malgré les précautions prises, il peut arriver qu’un emprunteur se trouve dans l’incapacité de rembourser son crédit relais. Dans ce cas, des procédures spécifiques sont mises en place, encadrées par la réglementation.
Mise en demeure par lettre recommandée
La première étape en cas de non-remboursement est l’envoi d’une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception. Cette lettre informe officiellement l’emprunteur de son défaut de paiement et lui demande de régulariser sa situation dans un délai déterminé.
La mise en demeure est une étape obligatoire avant toute action en justice. Elle doit préciser le montant dû, les échéances impayées et les conséquences du non-remboursement.
Déchéance du terme après 2 échéances impayées
Si l’emprunteur ne régularise pas sa situation après deux échéances impayées, la banque peut prononcer la déchéance du terme . Cette procédure rend immédiatement exigible l’intégralité du capital restant dû sur le crédit relais.
La déchéance du terme est une mesure grave qui marque la fin du contrat de prêt dans ses conditions initiales. Elle ouvre la voie à des procédures de recouvrement plus contraignantes pour l’emprunteur.
Saisie immobilière par voie judiciaire
En dernier recours, si toutes les tentatives de négociation ont échoué, la banque peut engager une procédure de saisie immobilière . Cette procédure, strictement encadrée par la loi, permet à l’établissement bancaire de faire vendre le bien immobilier hypothéqué pour se rembourser.
La saisie immobilière est une procédure longue et coûteuse, qui nécessite l’intervention d’un juge. Elle n’est généralement engagée qu’en l’absence de toute autre solution et peut avoir des conséquences dramatiques pour l’emprunteur, qui se voit privé de son bien.
En conclusion, la réglementation du crédit relais en France est complexe et rigoureuse. Elle vise à protéger à la fois les emprunteurs et les établissements bancaires, en encadrant strictement les conditions d’octroi, les garanties exigées et les procédures en cas de difficultés. Comprendre ces règles est essentiel pour tout particulier envisageant de recourir à un crédit relais, afin de s’engager en toute connaissance de cause dans ce type de financement.